Un architecte de rêves et d’histoires
Il est des hommes qui suivent, sans le savoir, le chemin parfait, tendu comme un arc vers la cible de leur bonheur. Fabien Pédelaborde fait partie de ceux-là. Ses meilleures cartes de visite sont ses clients. « Cela fait 25 ans que je vais de l’avant et que tout se passe par le bouche-à-oreille », sourit-il, sans forfanterie aucune.
Le jeune Bayonnais passionné d’histoire rêvait d’être ébéniste ou décorateur, après une visite bouleversante du Château de Versailles. Mais ses rencontres l’amènent à l’Ecole d’architecture de Bordeaux : « Une révélation ! « · Il va enchaîner avec la célèbre Ecole de Chaillot à Paris, le graal de la formation des architectes du patrimoine.
Ses premières armes, il va les effectuer au service de l’association Renaissance des cités d’Europe : il va mettre en scène les «Nuits du patrimoine » où, dans les villes, des milliers de personnes viennent découvrir leur patrimoine historique en ombres et lumières. Plaisir immense et beauté maximale. C’est le premier caillou de ce cheminement vers son rêve éveillé.
Début 2000, un second caillou est semé quand il commence à répondre à des commandes publiques : le site du Palais Gallien, le pôle d’échange du tramway des Quinconces, la halle de pêche du Port d’Arcachon, la reconfiguration du cours Victor-Hugo de Bordeaux, et le «ré-enchantement » du Parc de Majolan à Blanquefort. Ses réalisations se nourrissent de rencontres avec des architectes, des paysagistes, des artisans, des artistes qui partagent sa sensibilité et ses aspirations. De là est née une fidélité mutuelle qui traverse le temps et les lieux, aujourd’hui à Rennes où il co-signe trois stations de la future ligne B du métro, et à Floirac où il engage la restauration des fabriques du Parc du Domaine de Sybirol.
Concilier ses rêves et la réalité
Troisième caillou ou plutôt sillon avec Château Soutard, grand cru classé de Saint-Emilion. Sur ce chantier exceptionnel des ans. il va combiner le triptyque de son équilibre : architecture, sens de l’histoire et exigence portée aux détails. Soutard lui ouvre les portes d’autres grands domaines, Château Ferrière et Château Durfort-Vivens à Margaux, ou encore Château Gruaud-Larose à Saint-Julien. Le dernier en date. Château Marquis d’Alesme à Margaux, ouvre en juin 2016. Là encore, un chantier hors norme qui a nécessité six ans de travail, pour un voyage immobile entre Orient et Occident.
Ce chantier de trois ans a transporté l’architecte qui avait promis à sa propriétaire, Nathalie Perrodo, « Vous voulez un château, je vais en faire une histoire».
Le résultat est juste unique. Fabien Pédelaborde a concilié ses rêves et la réalité : « Réaliser des bâtiments qui chantent », en référence à Paul Valéry1. Il ne faut pas voir de prétention ou d’illumination dans tout ça, juste penser que sa vie EST architecture.
- « Dis-moi, n’as-tu pas observé, en te promenant dans cette ville, que d’entre les édifices dont elle est peuplée, les uns sont muets, les autres parlent, et d’autres enfin, qui sont les plus rares, chantent ? » Eupalinos ou l’Architecte (1921) – Paul Valéry.